L'Ermitage d'Orgelet

Publié dans l'Écho paroissial d'Orgelet - Décembre 1914

Il y a encore aujourd'hui, près de la route d'Orgelet à St Claude, une maison qu'on appelle l'Ermitage, parce qu'il y avait autrefois, en ce lieu, un ermitage dédié à la Ste Vierge, et qui fut confisqué par l'État en 1791.

Cet ermitage avait été fondé vers l'an 1600 par Charles de St Mauris, qui en fut le premier ermite, mais qui le quitta, on ne sait pour quel motif, après y avoir séjourné quelques années. En 1622, les échevins autorisèrent Claude Amyot, ermite et son compagnon à y résider, à condition qu'ils l'abandonneraient si le frère Charles de St Mauris voulait y rentrer. Ces frères appartenaient à la Congrégation des ermites de St Jean-Baptiste à Besançon. Eux et leurs successeurs ne devaient s'établir à l'ermitage qu'après en avoir obtenu l'autorisation du Conseil. Ils avaient pour charge d'entretenir, garder le dit ermitage et la chapelle, cultiver le jardin. Ils étaient autorisés à quêter à domicile et en retour ils devaient donner quelques notions de jardinage, de culture, de taille des arbres aux jeunes gens de la ville.

Nous regrettons de n'avoir, sur l'histoire de cet ermitage, d'autres détails que ceux puisés, çà et là dans les délibérations du conseil. Dans une de ces délibérations du 2 janvier 1737, nous voyons que l'ermite gardien, le frère Antoine étant mort, le Conseil s'adressa au Supérieur général de la Congrégation pour avoir un autre gardien. Voici la lettre du supérieur nommant à cet emploi un frère d'Hositée.

"Pierre François, par la grâce de Dieu et du St Siège apostolique, évêque de Philadelphie, suffragant et vicaire général de Monseigneur l'Illustrissime et Révérendissime, archevêque de Besançon, prince d'Empire, et en cette qualité supérieur des ermites de la Congrégation de St Jean-Baptiste de ce diocèse, au frère d'Hositée salut. L'ermitage d'Orgelet étant présentement vacant par la mort du frère Antoine, nous vous ordonnons de vous y rendre sans délai pour vous présenter à MM. le Maire et Magistrats de la ville d'Orgelet et en obtenir l'institution à charge d'entretenir, garder, et cultiver le dit ermitage et la chapelle et d'y vivre dans l'exacte observation de vos règles et sous l'obéissance de vos supérieurs pour le temps et en la compagnie de qui ils jugeront à propos.
A Besançon, le 25 Janvier 1737
"

Dans le même livre des délibérations en 1758, nous trouvons une demande du frère Dominique priant le Conseil de lui voter un secours pour lui aider à payer une cloche venant de la Chartreuse de Bonlieu. Le frère avait payé cette cloche 253 livres et la ville comme secours lui en attribua 30 seulement.

En 1770, l'ermite un frère Amable avait trouvé, près de la Chapelle en cultivant son jardin, trente pièces d'or dont il s'empresse d'offrir la moitié à la ville. L'abbesse de Château-Châlon de laquelle dépendait Plaisia réclama sous prétexte que l'ermitage était situé sur le territoire de Plaisia. Un procès fut commencé mais on finit par s'arranger à l'amiable.

La dernière nomination des ermites date de 1782. Comme l'installation s'était faite sans l'avis du Conseil municipal, celui-ci voulu renvoyer les religieux et supprimer l'ermitage, mais au bout d'un an, un accord se fit avec l'archevêque de Besançon, et les deux ermites restèrent probablement jusqu'à la Révolution. A ce moment, le bâtiment et ses dépendances furent vendus comme bien national.